Commune Mixte de MILA
Sommaire Constantinois Fedj-M'Zala
cartes Mila-EC Sidi-Mérouan
histoire de SM
Une fois de plus, je me suis penchée sur une Commune mixte, et le chapelet de villages qui l'entourent. Cette fois-ci, il s'agit d'un centre important, situé à 464m d'altitude. La ville de Mila
était, selon le guide bleu de 1974, une daïra de 223 600 habitants.. Imaginez ce que cela donnerait maintenant... En 1860 on lit : "les établissements épars de Mila présentent une population de 1347 individus" !
L'antique Mileu. Mila fut une ville importante dans l'antiquité ; elle s'appelait Mileu. Avec Cirta (Constantine), Chullu (Collo), et Rusicade (Philippeville-Skikda), elle formait une confédération,
dite des Quatre Colonies, dont le territoire était très vaste. Vers 360, elle eut pour évêque St Optat, auteur d'un traité célèbre contre les Donatistes (schismatiques nombreux à cette époque en Afrique, et l'un des Pères de l'Eglise les plus vénérés.
L'Indicateur Bérard précise qu'en 1867, Mila, où résidaient 20 Français, comportait :
- Maison de Commandement
- Bureau arabe
- Bureau de poste et station télégraphique
On y remarque aussi la zaouia avec sanctuaire souterrain de Sidi Bou Yahia. (en 1867 on disait : Sidi Ali ben Iahia). Le général Galbois prit possession de Mila le 21 octobre 1838.
A Mila est né le Docteur Etienne Sergent (1878-1948) qui, avec son frère le Professeur E. Sergent, directeur de l'Institut Pasteur d'Algérie, organisa la lute contre le paludisme et les maladies infectieuses en Algérie.
Voici deux cartes de Mila et des villages qui l'entourent :
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Ces villages, on les retrouve dans l'état civil de Mila, lorsque l'on consulte à Nantes les bobines 8310 et 8.058 des mariages. Années manquantes : 1897, 1899, 1901 et pas d'actes en 1900.
On a : Aïn Tinn n°8059 - Sidi Merouan - Sidi Khalifa - Zeraïa n°8474 - Redjas el Ferrada - Azeba et MILA. Vous pouvez constater que la Commune Mixte de Mila touche de près la Commune Mixte de Fedj-M'Zala ; il ne faut pas oublier d'ailleurs que nombreux sont les
habitants de cette CM qui sont allés mourir à l'hôpital de Mila. A mesure que les villages s'organisent, ils ont un "Adjoint délégué" et leur propre état civil. Une précision, seul le registre est à Mila, les mariages se font dans les villages.. On lit sur l'acte : "dans la salle de Sidi Khalifa".
Voici pourquoi j'ai choisi de faire une table alphabétique pour toute la CM de MILA :
Ce fichier est d'un abord un peu différent, il présente dans la première colonne le village de l'état civil... et ensuite le domicile des epoux.
Vous pourrez aussi examiner les origines des habitants de cette région : Cliquez
Sidi-Mérouan
Je vais accorder un chapitre spécial à ce village, qui a la particularité d'avoir été créé uniquement par des familles Corses grecques, toutes originaires de Cargèse ou de Piana. Leur histoire est tout à fait bien décrite dans les guides de la Corse, qui font même allusion à ces 80 familles qui partirent
créer Sidi Mérouan en 1874.
A partir de 1881, l'état civil se trouve, toujours à Nantes sur le microfilm N°8426. Notez que de 1913 à 1957 les registres de naissances ne sont pas à Nantes ; si vous êtes né(e) à Sidi Mérouan, il vous faut donc reconstituer votre acte de naissance.
Voici la table des mariages de Sidi Mérouan :
Une précision sur les patronymes : Vous constaterez peut-être comme moi que presque tous les patronymes portent à un moment ou à un autre le nom de STEPHANOPOLI. Une descendante m'a écrit à ce sujet, pour répondre à mon interrogation :"Un certain nombre de ces grecs faisaient partie de la maison STEPHANOPOLI sans pour autant être des descendants directs. Le droit leur a été donné par les Stephanopoli d'accoler ce patronyme au leur.
La coutume en est restée, même pour ceux qui n'y avaient pas droit. On retrouve quand on cherche à Cargese, ce que j'ai fait, la mention "Di Gio" (Gio Stephanopoli) rajoutée après le patronyme. Il y avait à Cargese, deux clans STEPHANOPOLI qui se sont opposés dans l'histoire de la ville. Les messes se disaient en grec à Sidi Merouan, les processions
étaient les mêmes qu'à Cargese et un pope était venu de Cargese à SM pour
suivre la communauté! " E.L.G
Elle m'a aussi donné une précision qui pourrait intéresser d'autres chercheurs. Dans les patronymes de Sidi Merouan, apparaît celui de EXIGA, à l'origine, il s'écrivait différemment : XINGAS.
Je viens de recevoir un long texte sur Sidi Merouan :
"Arrondissement de Mila, Département de Constantine
Bourg des Hauts Plateaux de Petite Kabylie
323 m d’altitude moyenne
situé à 57 Kms de Constantine par la route
Derrière ce descriptif laconique se cache la spécificité de Sidi Merouan : C’est le lieu d’établissement au 19e et 20 siècle d’une colonie un peu particulière, « une tribu » aurait dit un Préfet de Constantine.
La dite tribu forte de 78 foyers était venue de Corse, et d’un seul point en Corse : Cargèse, là même où, après bien des péripéties, deux siècles plus tôt, s’étaient établis 680 grecs du Péloponèse chassés par des Turcs, mais appuyés par Gênes. Etait-ce leur passé d’aventures ou quelque incitation forte d’autre nature qui leur donna l’envie de s’exiler à nouveau ? Qui le dira ?
Appuyé par l’un des leurs, établi à Constantine, M. Stephanopoli,
un groupe de 33 chefs de famille arriva en pionnier, pour établir les fondements de la colonie, munis des charrues, herses, outils, semences, mulets et chevaux nécessaires. Les enfants et le reste de la colonie suivront entre 1875 et 1877. La concession type qui leur est attribuée comprend un lot dit « urbain » un jardin, un lot à vignes, et 2 lots de culture situés en dehors du bourg projeté, soit 130 à 150 ha au total. Une tentative d’établissement conjoint à Ferdoua, à 3 km de Sidi-Merouan, ne se fera pas. Le regroupement se fera à Sidi Merouan.
Les gréco-corses, tout en mettant en culture leurs exploitations, vont construire leurs maisons sur le modèle de Cargèse, à étage, avec un escalier extérieur et des fenêtres étroites pour se préserver de la chaleur et pouvoir se défendre si besoin est. Le plan du village est très rectiligne, il se construit de part et d’autre d’une rue principale montant vers le « bordj », petit fortin avec réservoir d’eau, construit à l’origine pour protéger la population. Y furent incluses l’église et l’école.
Le village fut construit sous la direction de Thomas Rocchiccioli et Philippe Casta.
Les travaux publics, eux, mirent plus de temps à suivre.
Les patronymes de Sidi-Merouan étaient identiques à ceux de Cargese : Frimigacci, Dragacci, Ragazzacci, Zanetacci, Voglimacci, Exiga, etc … transcription de patronymes grecs corsisés au 17ème siècle. Quelques patronymes d’origine génoise ou italienne venaient les compléter : Casta, Lugaro, Lugarini, Rocchiccioli etc …, hommes tous mariés à des grecques. Les arrivants parlaient le corse, les autochtones se mirent à le parler ou à tout le moins le comprendre.
Les gréco-corses étaient venus avec un prêtre uniate de Cargèse. Leur culte fut reproduit à Sidi-Merouan jusque dans les années 30 (baptême par immersion, signe de croix inversé, processions, offices, chants et prières en grec ancien.
St Spiridion protégeait ses ouailles.
Le bourg devint commune en 1881 ; le premier maire fut le Capitaine Stephanopoli. De 1880 à 1901 il y eut 357 naissances.
Dix ans après sa création, Sidi Merouan comptait 600 habitants. A partir de 1900 le besoin de terres supplémentaires se fit sentir pour les jeunes ménages désirant s’établir.
Leurs demandes n’étant pas satisfaites, ont vit plusieurs familles partir, à nouveau vers la Corse mais surtout un peu partout en Algérie (Grarem, Lacroix, Levasseur, Yusuf, Catinat, etc …). Même Oran et Bône eurent pour maire des gréco-corses ! En 1946 on compte à Sidi-Merouan 17 familles françaises et 60 foyers musulmans. Les colons grecs d’origine restèrent à une douzaine environ à Sidi-Merouan.
Après le prononcé de l’indépendance, les départs se sont étalés le dernier semestre de l’année 1962.
Une population soudée avait créé ce bourg, l’évolution irrémédiable de l’Algérie l’emporta. Depuis 1962, outre le pont sur le Rhumel qui doit encore être là. Que sont devenus l’église, le cimetière des grecs et les mûriers de la rue principale ? Un autre temps pour un autre lieu. Aux Sidi-Merouanais d’aujourd’hui de nous dire ce qu’ils gardent des 98 années de présence des grecs sur ce site.
Etiennette Gay-Lugaro
Descendante d’un Sidi-Merouanais"
Sources familiales
et
« Sidi Merouan, un souffle d’aventure » Général Jean Fiorini :
Edition de l’Association des Descendants de Tomaso Rocchiccioli
« Sidi Merouan, une colonie gréco-corse en Algérie » :
Marie-Claude Bartoli N°4 de la Revue « Etudes Corses » 1975
Une ancienne de Sidi Merouan conteste une affirmation précédente :
"Je vous ai déjà envoyé des messages sur Sidi M. en vous disant que les CASTA n étaient pas d origine italienne ; ils sont donnés déjà comme habitants de PAOMIA village où les grecs de VITYLO avaient construit avant que les corses ne les chassent ;
ensuite seulement ils ont construit CARGESE et plus tard, sont partis pour Sidi M. Mon arr grand père qui est aussi celui d' Etiennette Gay-Lugaro n était pas d' origine italienne.
Je vous me dirais que cela n' a guère d' importance.. mais pour moi, qui suis une CASTA j'aimerais que vous rectifiez.
Merci, Cordialement "
Casta Christiane-Casta-Gerardin Christiane [stelronans@wanadoo.fr]
Merci aux habitants des villages que l'on découvre sur mon site.. qu'ils vivent en France ou en Algérie ; leur apport culturel, historique, est pour moi inestimable.
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